"Dialogue avec l'amabié"
d'après une légende japonaise datant du milieu du XIX éme siècle
En voyage au Japon il y a deux ans, je fis une rencontre extraordinaire.
Je ne m’attendais pas à ce que celle-ci bouleverse ma vie tranquille et m’amène à faire un tour du monde!
C’était au printemps, elle était là, assise et détendue, les pieds dans l'eau, sous un bel arbre fleuri.
Elle m’a souri et m'a dit: " Je suis une Amabié, je m’appelle Ai ko»
J’ai su plus tard que cela signifie " enfant chérie "dans notre langue.
À côté d’elle il y avait un petit tableau…

Me voyant intriguée elle ajouta: « Ce tableau me représente, il a été réalisé ici par un peintre européen au milieu du XIXe siècle. Elle paraissait si jeune que son histoire me sembla totalement improbable et irréelle. Cependant j’avais l’intuition qu’elle ne me mentait pas, même si je trouvais cette peinture peu ressemblante!
Elle a ajouté: « Mes sœurs et moi apparaissons lorsque cela est nécessaire, à l’occasion d’une guerre, d’une épidémie ou bien d’une catastrophe naturelle. Nous sommes toujours là pour réconforter et apporter notre aide à celles et ceux qui le désirent. Peu de gens arrivent à nous voir, ceux qui y parviennent sont essentiellement des enfants. Les autres, ce sont des adultes qui ont gardé un lien profond avec la Terre et la Nature, leur esprit non encombré et fluide comme l’eau pure de la montagne leur permet d’être reliés à la Source de toute chose...
Les artistes aussi peuvent percevoir les Amabiés, et certains les représentent afin que ceux qui ne les voient pas puissent profiter de leur bienfaits »
Je lui ai demandé où trouver les Amabiés et elle me répondit que ses semblables étaient présentes partout dans le monde, que leur apparence change en fonction des êtres qui les regardent.
Je lui ai confié que j’aimerais les rencontrer, elle me répondit que ce serait un long voyage pour parvenir jusqu’à elles, qu’il me faudrait parfois traverser des épreuves et des territoires hostiles, mais voyant ma détermination, elle acquiesça et rédigea une longue liste qu’elle me tendit; elle contenait beaucoup d’annotations et de croquis.
Avant de nous séparer dit-elle, « je t’offre mon joli petit tableau. Chacune de mes sœurs te délivrera un petit secret, voici le mien :
Garde toujours précieusement intact en toi l'esprit de l'enfance, ce don permet de voir les Amabiés et de communiquer avec les différents règnes de la Nature - Vas dans la joie de ton cœur petite sœur… »

Grace aux indications de son précieux document, je me rendis à Vitruve. Là, sur l’étal d’un marchand, au milieu d’antiquités, je vis un grand portrait d’une Amabié peinte sur une peau de bête cerclée de branches de saule tressées.
Une petite personne apparue comme par magie et me dit : « Je suis « l’Amabié de Vitruve », un vieux sage m’a peinte il y a fort longtemps sur cette peau». Comme pour le portrait d’Aiko, cette peinture ne me paraissait pas très ressemblante, mais je me souvins que la perception d’une Amabié est relative à chacun!
Elle me dit alors avec un petit clin d’œil: « Je te confie ce portrait, sache que de l'infiniment petit à l'infiniment grand, dans un voyage fractal, la plus petite particule, cellule, cycle, spirale, se lie à l’infini dans le cercle de la vie. Vas dans la joie de ton cœur petite sœur; protégée par le Saule qui est symbole de vie et d’immortalité»
Quelques semaines plus tard, arrivée en Irlande, je parvins sans peine à trouver l’Amabié Sorcha...
à suivre…
Articles: Journal du Japon et page Wikipedia
Voir aussi #dialogueaveclange
Texte de l’installation "Dialogue avec l'Amabié
au sein de l'exposition "Créatures singulières".
Village d'artiste de Rablay sur Layon
du 22 avril au 26 juin 2022
Certaines de mes Amabiés sont à retrouver sur le blog de Sophie Lepetit















