T E R R A M O R P H O S E S
A r t p a r t i c i p a t i f
Kandioura Coulibaly
Groupe Bogolan Kasobané
Ayant une première fois invité feu Kandioura Coulibaly à exposer en Anjou 2000 . Il m'a semblé naturel, de l'inviter à nouveau à 'occasion de "Fenêtre sur Terre" organisé par Le Quai en 2008. Cela a permis de créer cette belle synergie entre ses œuvres textiles Bogolan à base d'argile et l'installation des figurines d'argile réalisées par les angevins!
Claire Richez
Kandioura Coulibaly est né en 1954 à Karanguimbé prés de la frontière mauritanienne, il est décédé le 09 décembre 2015 à Bamako au Mali il est à l'origine du groupe Bogolan Kasobané, créé sous son impulsion avec d'autre étudiants de l'Institut National des Arts de Bamako afin de valoriser une technique ancestrale textile, le bogolan.
Cette technique écologique dont les symboles ancestraux n'ont aucuns secrets pour lui est l'objet de son mémoire de fin d'étude à L'INA.
Langage plastique représentatif de la richesse culturelle variée de ce pays, le bogolan par sa symbolique devient le véhicule de la pensée du groupe au travers d'œuvres engagées saturées de signes.
Au départ la lutte de ces jeunes artistes pour se faire accepter est éprouvante, et, afin d'éveiller les consciences, ils envisagent d'enseigner cette technique aux personnes attirées par ce nouveau moyen d'expression. La plupart des membres choisissent donc l'enseignement et réussissent à mettre en place un atelier bogolan dans l'enceinte même de l' I.N.A.
Un grand nombre d'étudiants et d'artistes sera ainsi formé, abordant alors le bogolan comme une expression artistique à part entière, qui permet de surcroit d'utiliser des matériaux naturels et locaux.
Les œuvres créés par les membres du groupe sont signées au nom du groupe et souvent exécutées collectivement, la solidarité primant, conformément au leitmotiv du groupe: "Un seul doigt de la main ne peut soulever la pierre". Après avoir défini ensemble un thème et réalisé des maquettes, chacun tour à tour se lance dans la réalisation du tableau. Les matériaux sont naturels et utilisés dans la pure tradition ancestrale.
Le cinéma est aussi un moyen du groupe pour se faire connaître, Kandioura obtient en 1995 le premier prix au FESPACO à Ouagadougou pour ses costumes dans le film Guimba, réalisé par Cheick Oumar Sissoko. Il est aussi reconnu en tant qu'expert des techniques traditionnelles naturelles et convié à ce titre à des colloques internationaux
Le groupe bogolan Kasobané expose en Europe et dans d'autres parties du monde, deux ateliers/galeries au Mali, l'un à Bamako et l'autre à Ségou, permettent la recherche, la vente et la formation.
Kandioura a collaboré en tant qu'artiste, et consultant à plusieurs saisons du festival angevin, français Cinémas et Cultures d’Afrique. Il est décédé brutalement en 2015.
Une très belle exposition à eu lieu à Madrid en 2018, réunissant les différents membres du groupe Bogolan Kasobané, accompagnés d’artistes ayant joués un rôle majeur dans la vie du groupe. Cette exposition fut mise en place par l'artiste Irene Lopez De Castro.
En avril 2019 nous avons organisé une exposition des œuvres de Kandioura Coulibaly lors du 17 eme festival Cinémas d'Afrique d'Angers.
Irene Lopez de Castro et Pauline Duponchel firent le voyage pour participer à cette événement, lors d' une rencontre le 09 avril.
Le Groupe Bogolan Kasobané fut à la fois promoteur de génie, producteur et innovateur soucieuxde la transmission d’un savoir-faire qui aurait pu disparaitre. En tant qu’école il a contribué l’insertiondes jeunes dans la vie active grâce au bogolan, diffusé des valeurs authentiques, formé ouinspiré une innombrable pépinière d’artistes et de sympathisants sur le plan national, panafricainet international. Son rayonnement représente une richesse vivante du paysage culturel du Mali etdu continent.
Catalogue de l' exposition Groupe Bogolan Kasobane
05 MAI / 03 JUIN 2018
Casa de Vacas - Parc Retiro - Madrid - Espagne
"Le travail du groupe Kasobané depuis sa fondation en 1978 a été extraordinaire, aussi bien pour son travail en tant que pionnier dans l’utilisation du bogolan pour la création d’œuvres d’art contemporaines mais également pour son travail pédagogique et de recherche du symbolisme et de la technique traditionnelle, à laquelle ils ont apporté d’importantes innovations. Grâce à son effort infatigable pour promouvoir ladite technique, celle-ci s’est développée et est devenue très populaire, aussi bien au Mali qu’à l’étranger.
"Irene López de Castro, Commissaire de l’exposition.
Pauline Duponchel Docteur en Ethnographie
Le bogolan est une technique de teinture traditionnelle d'Afrique de l'Ouest. Les peuples issus du groupe Mandé la pratiquent depuis une époque reculée. Aucune datation précise n'a pu jusqu'alors être arrêtée, compte tenu de la fragilité des matériaux et de la difficulté de leur conservation. L'origine même du bogolan est inconnue, selon une légende, cette découverte fut fortuite. Une femme revêtue d'un pagne teint au n'galama l'aurait malencontreusement tâché avec de la boue provenant du fleuve. Lorsqu'elle tenta de le nettoyer, elle s'aperçut que la boue avait teint le tissu du vêtement, les tâches étaient devenues indélébiles. Plusieurs ethnies ont pratiqué et pratiquent encore à ce jour le bogolan, ce sont les Dogons, les Bobos, les Sénoufos et Miniankas, les Malinkés et les Bambaras. Héritiers de cette tradition, ils développent chacun un style singulier évoluant à travers les âges.
Le bogolan ou bogolan fini est un terme bamanan, il signifie littéralement, le résultat que donne l'argile. En effet la teinture du tissu s'obtient par réaction chimique lors de l'application de la boue sur le support textile. Toutes les nuances colorées sont obtenues à partir de matériaux minéraux et végétaux.Ce travail artisanal est en général réservé aux femmes âgées ne pouvant plus se consacrer aux travaux éprouvants, aux plus jeunes lors de la saison sèche et aux autres femmes lors de leur temps libre. Elles exécutent alors des vêtements pour la communauté (trousseaux de mariage, pagnes, pantalons, tenues de chasse, de travail ou de parade). A l'origine chaque tenue, de par ses motifs et ses coloris, était vouée à un usage particulier. Chaque signe reproduit détenait une signification symbolique précise. Actuellement ces motifs tendent à disparaître au profit de signes purement graphiques, vidés de sens.
Sources: http://www.geocities.ws/infomali/bogolan/origine.htm
Kandioura Coulibaly par Irène Lopez de Castro
« Ce qui est intéressant, et beau, et bon, c’est de former assez d’hommes cultivés, des artistes ; de former la jeunesse, de lui montrer le bon chemin et de lui parler de l’Afrique. Et que chacun retour vers le village, aille en pèlerinage et en sorte avec quelque chose d’authentique. Je le dis et je le répète : si on est honnête l’un envers l’autre, il y aura moins de crises.
"C’était pour moi un rêve de voir la jeunesse œuvrer avec son passé, ses propres techniques et ses savoir-faire africains pour les rénover»
Kandioura Coulibaly
Matériel de l'artiste: feuilles, écorces, argile, bandes de tissus
Soirée en HOMMAGE A KANDIOURA COULIBALY vendredi 15 janvier 2016 Atelier Les Iles Balladart / ANGERS